Issue d’un groupe cathédral édifié en centre-ville au IV siècle (St Victrice) puis devenue cathédrale romane éphémère consacrée en 1063 et « emportée » par les techniques du gothique dès 1145, La cathédrale Notre Dame de Rouen, en perpétuel chantier a connu plusieurs phases de restauration adossées à des états des lieux plus ou moins alarmants du fait des outrages du temps (incendie de 1514, ouragan de 1683, foudre de 1822), des blessures infligées par les guerres et conflits religieux (saccage des huguenots en 1562) sans parler de la corrosion des matériaux ( acier corten) très en vigueur puisque auto-patiné à corrosion superficielle forcée, utilisé pour sa résistance aux conditions atmosphériques.
Polyclès Langlois, incendie 1822
C’est en 2014 qu’à la suite d’un rapport technique alarmant soulignant l’état préoccupant de l’édifice quoiqu’encore stable dans son ensemble qu’est né le projet d’une nouvelle restauration de la flèche en fonte d’ Alavoine, la plus haute de France puisque culminant à 151 mètres, couverte en fonte, située à la croisée du transept, suspendue au-dessus du chœur de l’édifice ; cette restauration qui succède à celle de la façade et du carillon est concomitante à celle des parties hautes du chœur.
Ce chantier hors norme de haute technologie, qui durera sept années, pour un coût d’environ 14 millions d’euros a été confié à des intervenants pluridisciplinaires de grande qualité puisque perpétuant le savoir-faire ancestral dans le respect du contexte historique et architectural local :398 pièces en fonte seront remplacées.
Un véritable mikado d’échafaudage complexe, assis sur le tabouret de la flèche en constitue la phase initiale aussi délicate que technique permettant la mise en place d’une base vie de 130m2 à 38 mètres de hauteur (faisant office aussi de stockage : 300 tonnes de matériel y seront hissées) accessible par un ascenseur et à partir de laquelle il sera procédé à la réfection par paliers successifs dans le sens ascendant.
Le principe général vise à restaurer l’enveloppe fonte et acier corten autour du noyau central et de l’escalier de la flèche, l’opération s’achevant par la pose du clocheton sommital et la reprise d’étanchéité du tabouret en 2022.
A noter que le décapage par sablage, avant la mise en peinture, a surajouté, du fait du risque plomb, des difficultés techniques supplémentaires tant au plan de l’élimination des déchets toxiques que de la protection de la santé des opérateurs au regard du saturnisme.
Ainsi « la plus humaine des cathédrale » joyau de l’art gothique flamboyant au destin tourmenté restera-t-elle à la hauteur de l’attachement fervent que lui voue la population de la ville.
Notes issues de la conférence de R DUPLAT, pour les Amis des Monuments Rouennais le 14 février 2018.
P Bourdilloud le 17/02/2018