Qui pourrait avoir l’idée d’entasser chez lui des stocks de briques, tuiles, tessons de toute sorte hormis Dominique Samson du Mont-Gargan ? Devenu fin connaisseur de tout ce qui touche à la terre, il a plaisir à montrer et à commenter sa collecte, fruit de décennies de recherche sur le terrain, en Normandie. Intarissable sur le sujet !
Toute sa vie- il a 71 ans- il a plutôt regardé le sol que le ciel. Dès l’âge de 17 ans, il observe les champs, les fossés, les chemins de la commune de Bray-et-lu, dans la vallée de l’Epte. « J’ai vécu dans cette petite commune rurale, dans une famille d’accueil, de ma première année jusqu’à l’âge de 20 ans, raconte Dominique. Mon père d’accueil était garde-champêtre. Avec l’âge, tout en préparant mon certificat d’études primaires, j’allais sur le terrain pour interroger le passé de Bray-et-Lu. Je devins incollable sur l’histoire de mon lieu de vie dans le Vexin normand. Je finis par découvrir l’emplacement d’un ancien village gallo-romain avec mobilier des 2ème et 3ème siècles : tessons de poteries et pièces de monnaie romaine. Avec précaution, je plaçais mes trésors dans des petites pochettes. On me trouvait un peu bizarre mais je n’y faisais aucun cas. A l’école des garçons, j’avais appris l’addition, la soustraction sans calculette ! mais surtout l’écriture et la lecture. Dès mon adolescence, je devins un rat de bibliothèques et de services d’archives. J’avais une passion grandissante pour les livres, surtout les livres d’histoire et d’archéologie. »
Curieux de tout Dominique Samson ! Il aurait bien aimé devenir documentaliste après son service militaire mais son orientation scolaire en milieu rural ne le permit pas. Il sera employé dans une société de service informatique. Il continuera à enrichir ses connaissances au contact de 2 ingénieurs retraités qui avaient travaillé sur le Canal de Suez. Des récits à faire rêver ! Le jeune timide qu’il était, adhérera à l’Association du souvenir de Ferdinand de Lesseps et du Canal de Suez sise à Paris. Il s’intéressera aussi au patrimoine industriel grâce à l’usine de Zinc implantée dans sa commune depuis 1848, le laminoir de Vieille montagne. Oui, curieux de tout le jeune homme !
« Ce que j’ai accumulé, moi simple amateur, comme connaissances à Guiry en Vexin, au Centre de recherches archéologiques du Vexin français et sur le chantier de fouilles d’un temple gallo-romain à Genainville, m’a beaucoup appris et servi par la suite. »
Ayant conscience de tout savoir et de ne rien savoir, il s’inscrit à plusieurs associations de connaissance et de défense du patrimoine : Les Amis des musées départementaux, les Amis des Monuments rouennais, l’Association Patrimoine(s) dès sa création en 1999 à Rouen. Il participe à des colloques, à des journées d’études, à des conférences. Il étoffe son carnet d’adresses…
Sur le terrain, il remplit ses sacs. Un jour, il fait des trouvailles dans le fossé au pied du rempart Philippe-Auguste, avant la construction de la Fac de médecine. Il les propose aux chercheurs officiels. « On n’en veut pas, jetez le tout ! ».
Depuis des années, les placards et armoires de famille n’offrent plus d’espace pour briques, tuiles, poteries et documentations. Les cartons s’entassent. Marié, deux enfants, Dominique Samson n’a pas réussi à communiquer aux siens sa passion pour l’histoire et le patrimoine. Alors en externe, il commence à montrer ses collections et à les commenter à qui veut bien l’accueillir. Il peut notamment parler des anciennes briqueteries de Mont-Saint-Aignan, Oissel et Bonsecours qui ont fourni les bâtisseurs des maisons de la capitale normande.
Après avoir vécu à Notre-Dame-de-Bondeville, il demeure aujourd’hui à Rouen sur le Mont-Gargan depuis 1985. Il écrit régulièrement dans le journal de la Maison de quartier et ne manque pas d’adresser avec insistance ce message aux jeunes : « Soyez curieux, intéressez vous à l’héritage de vos parents et grands- parents. Vous serez étonnés et vous y trouverez du plaisir !
Contact : domsamson numericable.fr
André Morelle