Escapade de l’association "Patrimoine(s)" dans le Perche
Samedi 22 et dimanche 23 septembre 2018.
Cette escapade fut organisée pour le compte de la Fédération Patrimoine-Environnement par l’Association Patrimoine(s), sa partenaire en Normandie .
Afin d’honorer le riche patrimoine du Sud de la Normandie, cette escapade s’est déroulée sur deux jours.
C’est sous un ciel plombé que la Risle nous invita sur ses rives en la commune de Saint-Sulpice à pénétrer le monde de l’aiguille au sein de la manufacture Bohin créée en 1833 par Benjamin Bohin qui racheta l’usine de fabrication d’objets en fer et en bois de son père dont la reconstruction fut achevée en 1856 : site de production avant tout, mais aussi musée en emprise sur les anciens bâtiments de stockage acquis par la communauté de commune « pays de l’Aigle et de la Marche » et inauguré en février 2014.
C’est sous le regard bienveillant des ténors de cette extraordinaire saga familiale que nous découvrîmes par une scénographie remarquable les nombreuses étapes (dont certaines utilisent des machines datant du XIX siècle) de la confection d’une aiguille à partir du fil d’acier qui deviendra, de fil en aiguille, l’objet tant convoité des couturières ; hommage à l’ingéniosité de ces patrons infatigables , volontaires et ingénieux riches d’une fibre sociale admirable.
Après une courte pose façon « pique-nique sur le zinc » il convenait de se rendre à la Chapelle Montligeon pour admirer, aidés d’un commentaire instructif, un édifice majestueux , la basilique Notre-Dame, vaste édifice néo-gothique, consacrée à la libération des âmes du purgatoire
Elle rassemble , entre autres, des vitraux réputés à la double particularité de constituer un panorama de l’art du verre et de n’aborder que le seul thème de l’eschatologie et de la communion des saints ; née de la volonté de fer de l’abbé Paul Buguet, homme de prière doué d’une humanité admirable qui fit de ces lieux un site unique de pèlerinage , centre d’un sanctuaire dédié à la prière pour les défunts. Animé lui aussi d’une vocation sociale, il était préoccupé par la nécessité de revitaliser l’économie de son village.
Dans la ville de Bellême nous fûmes accueillis par monsieur Yvar élu municipal et professionnel de l’histoire des « petites cités d’art » qui sut faire revivre avec passion la vie d’Aristide Boucicaut, figure de proue du commerce moderne, et originaire de cette ville.
Dans cette jolie petite bourgade nous ne vîmes nulle part paraboles et fils électriques. Notre guide sut nous faire partager sa passion pour sa ville.
Ce fut une autre histoire que de trouver sa couche pour bénéficier, au gré des hostelleries locales, d’un moment gastronomique partagé avec nos amis de Patrimoine-Environnement, suivi d’un temps de repos bienvenu pour se réchauffer et revisiter le film d’une journée si riche.
C’est par la visite de l’impressionnant manoir du XV° siècle de Courboyer que débuta notre itinérance dominicale.
Une instructive visite du centre d’accueil touristique du Perche nous permit de comprendre ce qu’était un "trait de Jupiter"
Direction ensuite vers Saint-Cyr-la-Rosière pour déambuler sous grand vent entre les étals d’apiculteurs passionnés : le miel, dans toutes ses variétés et tous ses états, cherchait admirateurs et preneurs.
Pause gourmande brève et plutôt improvisée autour de succulentes crêpes au sarrasin sucrées ou salées pour oublier un climat peu engageant !
Il s’agissait d’abord d’admirer le prieuré de Sainte-Gauburge et (ou Walburge), abbesse d’un grand monastère bavarois au VIIIe siècle. Construit au XIe siècle puis reconstruit au XIIIe siècle, il est abandonné par les moines à la Révolution française et vendu comme bien national.
Entièrement dédié à l’écomusée témoignage de la vie paysanne : retour aux métiers d’antan, du bourrelier au sabotier : leurs outils, leur pratique, le fruit de leur ingénieux savoir-faire : éloge du sens de ces métiers qui n’étaient décidément pas que manuels.
En conformité avec le fil conducteur de la feuille de route il était impossible de ne pas marquer un arrêt à Thiron-Gardais pour une visite du musée de l’ancien collège royal et militaire, créé par St Bernard de Thiron, puis de son jardin remis au goût de l’époque par le célèbre paysagiste Louis Benech , avec une réactualisation que l’on doit à l’animateur Stéphane Bern.
Ce fut une splendide et agréable échappée belle au fil de routes tranquilles – quoique mouillées mais qu’importe- entre forêts, collines et bocages dans un PERCHE ornais digne de son label de parc naturel.
Chacun y aura trouvé sans nul doute, le goût de l’histoire locale vraie, des hommes qui l’ont tissée et apprécié de bons moments partagés qui incitent à remercier André Morelle, Françoise Bourdon et Gérald Orange - pour ne citer qu’eux –
Ils ont largement contribué à faire de cette journée un ouvrage d’art, comme une tapisserie réalisée avec les aiguilles de Bohin ! qui figurera au livre d’or de PAT(S) et restera dans nos mémoires comme un moment précieux.