Escapade de l’association "Patrimoine(s)" à Fécamp
Samedi 27 avril 2019
Cette escapade fut organisée par l’Association Patrimoine(s) en partenariat avec la Fédération Patrimoine-Environnement, partenaire en Normandie.
Arrivés au cap Fagnet, le matin, sous une belle tempête qui blanchissait la mer, nous avons eu une visite de l’église Saint-Sauveur, qui donnait une cérémonie aux futurs départs des marins. Pendant la guerre, à l’arrivée des Allemands, elle a été défendue par un soldat français désireux de défendre ce lieu. Il y a une seule tombe dans l’église où repose ce soldat, bien évidemment tombé sous les balles. La visite de la matinée a été menée par une guide charmante qui connaissait bien son sujet.
Nous avons parcouru ensuite un circuit sur la ligne défensive allemande qui entoure la ville de Fécamp. Elle s’intégrait à la construction du Mur de l’Atlantique, qui allait de la Norvège jusqu’à Gibraltar. Ainsi, il y avait autour de la ville 152 blockhaus. Seuls 150 ont été découverts. La plupart était défensifs, radar Mammut relayé avec Dieppe et le Havre, postes de surveillances et d’observation ainsi que toute une structure de vie, cantine, dortoir, administration etc…. Le tout enterré et dissimulé pour ne pas être vu, reliés entre eux par des couloirs souterrains. Une main d’oeuvre importante, locale ou recrutée dans les environs, était employée au début par les Allemands, mais au cours des années de plus en plus négligée. Très peu de témoignage sur cette vie car les représailles après la guerre sur les Français au service des Allemands n’ont pas permis d’approfondir ce sujet. Seul un témoin a parlé de la faim. Le plus impressionnant est l’hôpital creusé dans la falaise à coup de marteaux piqueurs et jamais terminé à la fin de la guerre, le débarquement arrivant trop tôt.
Après un excellent déjeuner au restaurant « la Suite », nous avons eu une visite très détaillée de la pêcherie, ancienne sècherie des morues péchées en mer autour de Saint-Pierre-et-Miquelon.
Après-midi de printemps à FISCANNUM (fisk = poisson en germanique) : du doris au chalut une épopée humaine hors norme multiséculaire à l’échelle d’une région et qui a pris fin par la conjonction du progrès technique, des évolutions réglementaires et des aléas économiques mondiaux ;
Cet après-midi au Musée des Pêcheries, durement atteint par un vent tempétueux, fut intéressant et très pédagogique avec une conférencière chevronnée idéale pour s’inculturer dans le domaine de la pêche terre-neuvienne dont Fécamp fut le symbole actif : les armements morutiers sont attestés dès le XVI° siècle ; le poisson était pêché au large des côtes d’Amérique du nord sur le grand banc de Terre-Neuve qui a donné son nom aux pêcheurs ; dès 1903, 73 voiliers terre-neuviens ont été remplacés progressivement par des chalutiers. Il faut savoir que dès le XI° siècle, la pêche harenguière au filet dérivant était déjà une source de profit et de rayonnement pour la puissante abbaye de Fécamp, propriétaire des espaces portuaires.
Ont été évoqués, vitrines, tableaux et modèles réduits à l’appui, les aspects géographiques, historiques et techniques (du doris au chalut en passant par la chaloupe et le trois-mâts), sociologiques aussi, s’agissant d’un métier hors norme constituant la seule ressource durement acquise pour les familles de pêcheurs. C’était aussi un facteur essentiel de développement de la ville entre l’abbatiale de la Trinité et le Palais ducal, reconstruit en 1170 par Henri II, et la plage, lieu de travail et de sociabilité.
Toute histoire a une fin et celle-ci fut scellée par le désarmement du dernier chalutier congélateur, « Le Dauphin », en 1987. Le développement du port maritime, et donc du tourisme, ouvre une nouvelle étape de la vie portuaire, sachant que persiste à FÉCAMP une criée, une activité de pêche fraîche, en particulier de coquilles Saint-Jacques.
Pour terminer, nous avons pu admirer les riches collections variées de Beaux-Arts et les collections régionales d’armoires, costumes et bijoux normands.
Enfin, l’étonnante collection sur l’Enfance réunie par le Dr Léon Dufour, a aussi retenu notre attention.
Il est à l’origine de la création de "L’oeuvre de la Goutte de Lait" en 1894. Le premier but est de "lutter contre la mortalité des enfants du premier âge". Le Docteur Dufour prône l’importance et la qualité de l’allaitement maternel, mais il est conscient de la difficulté que rencontrent les jeunes mères travaillant en atelier. Alors, "faute de mieux" - c’est la devise de la nouvelle oeuvre - il propose d’assurer une alimentation équilibrée aussi proche que possible du lait maternel : tous les jours, dans les locaux de la "Goutte de Lait", rue du Précieux Sang, est assurée la préparation de petits paniers de 8 à 10 biberons, ration quotidienne pour un nouveau né. Non seulement le lait est rigoureusement sélectionné, mais il est "humanisé" pour le rendre plus digeste et de plus pasteurisé. Les familles dans le besoin peuvent retirer gratuitement ces biberons. (Source : https://www.vieux-fecamp.org/Dr%20Leon%20Dufour.html)
Confiée au cabinet Basalt-Architecture, la réhabilitation du site « La Morue normande », nom de cette ancienne sècherie de poisson en friche depuis 1982, a misé sur la valorisation du lieu érigé en 1948-1950. « Le bâtiment des sècheries est considéré comme le premier objet de la collection du nouveau musée », souligne l’équipe du musée.
"Le hareng est l’une des productions dont l’emploi décide de la destinée des empires" Lacépède, naturaliste français
Un peu plus d’un an après son ouverture, le Musée des Pêcheries de Fécamp a dépassé la barre des 100.000 visiteurs. C’est un succès vraiment mérité d’autant plus que la vue depuis le belvédère surplombant toute la ville et l’entrée du port est époustouflante.
Merci aux auteurs de cet article : Françoise, Isabelle et Pierre.