Coup de gueule !
Un chef-d’œuvre en péril au château de Mesnières-en-Bray !
Défaut d’entretien de l’œuvre de Juliette et Jacques Damville, artistes plasticiens, sculpteurs et céramistes.
Il s’agit de la « Nef végétale », une des réalisations majeures que les artistes ont conçue en 2007-2009 pour être installée dans ce lieu patrimonial, les jardins du château de la Renaissance à Mesnières-en-Bray où est installé le lycée horticole et sylvicole du Pays de Bray. Cette œuvre a fait à l’époque, l’objet d’un financement partagé entre l’Europe, la région Haute-Normandie, le département de la Seine-Maritime, l’association Saint Joseph, propriétaire du château, n’ayant eu à sa charge que 10 % du coût de l’ensemble du projet à savoir la création de l’œuvre, la fontainerie, la requalification de l’espace incluant le terrassement et l’aménagement paysager à proximité de la Nef. La réalisation de l’œuvre a par ailleurs fait l’objet d’un travail pédagogique de médiation artistique avec les élèves du lycée financé dans le cadre de la convention DRAC-Rectorat
C’est une réalisation située en plein air – éléments en céramique, bas-reliefs et mosaïque collés sur une ossature en béton -, sujette aux intempéries et à d’éventuelles dégradations.
Les Damville, par l’intermédiaire de leur association « Les Chemins de Traverse », avaient eu soin de signer une convention d’entretien avec l’association St.-Joseph et l’association familiale de gestion du lycée horticole et forestier St. Joseph. Un cahier des charges avait été établi pour maintenir l’œuvre telle qu’elle avait été livrée et demandant de prévenir les auteurs en cas de détérioration. Las, sans aucun entretien ni surveillance, l’ouvrage s’est dégradé, pour l’essentiel cible de l’envoi de projectiles, caillassage, bris d’un banc à l’intérieur de la Nef.
Les Damville, qui ont réalisé plusieurs autres œuvres dans le pays de Bray, et en d’autres lieux en France au bénéfice de diverses collectivités locales, toujours dans le cadre d’un investissement pédagogique associant écoles et collèges de proximité, y ont constaté peu de dégradation autre que le passage du temps, grâce à l’attention des maires.
Le choix d’un lieu patrimonial célèbre leur semblait pourtant garantir sa conservation.
Malgré leurs multiples protestations et leur offre de restauration, rien n’y fait : réponse orale dilatoire, le proviseur du lycée proposant que l’œuvre « soit déplacée parce que pas bien placée »… et puis aucune suite, silence total…
L’association Patrimoine(s), est d’autant plus affectée par cette dégradation qu’elle a organisé ses Rencontres de 2009 au château de Mesnières-en-Bray et eu l’occasion d’admirer cette « Nef végétale » juste achevée en présence des Damville.
Que pouvons-nous faire ? Nous avons transmis tous les éléments à la Fédération Patrimoine Environnement pour une protestation par lettre et tout moyen, et pour conseiller les Damville sur la possibilité d’un recours contentieux.
Mais chacun-e peut passer visiter l’œuvre au château de Mesnières-en-Bray et faire savoir sa réprobation. Nous envoyer vos impressions et échanges éventuels avec des responsables comme ce témoignage ci-dessous.
Le site http://j-damville-j.fr/?page_id=30 permet de découvrir l’œuvre telle qu’elle a été livrée. Une petite vidéo https://www.youtube.com/watch?v=Vy4ncpLviKY permet de constater son état actuel
Témoignage de Monique Boissel, membre de Patrimoine(s)
Abandon ! C’est le mot qui vient à l’esprit quand le visiteur arrive dans le parc du château de la Renaissance à Mesnières en Bray. Oui, une œuvre d’art installée ici en 2008 est à l’abandon… Chaque visiteur y va de son commentaire « on dirait un poisson mort »… « C’est une mer asséchée, symbole du réchauffement climatique »…
De quoi s’agit-il en fait ? L’œuvre est signée des céramistes Juliette et Jacques Damville qui l’ont baptisée « nef végétale ». Elle est monumentale par sa taille mais aussi par la richesse des messages qu’elle délivre. Navire dominant les eaux, poisson défiant le courant, abri aussi... Mais voilà, le temps a détérioré une partie de l’œuvre ; des écailles se sont décollées, sont tombées, se sont cassées... Le bassin s’est asséché… Mais survivent des messages vivants comme les plantes qui tapissent les céramiques, les oiseaux qui viennent chanter sur le mât et le paon qui attend sa bien-aimée dans l’abri. La visite est terminée... Et les commentaires sont unanimes « il faut faire quelque chose ».