2015 - L’apprentissage, encore un gros mot ?

Pour la table ronde sur l’apprentissage, organisée dans le cadre du forum des acteurs du patrimoine, étaient réunis des acteurs de terrain : Marine Crochet, Prévôt des Compagnons du devoir de Mont-Saint-Aignan, Raymond Bosquain, ancien tailleur de pierre et Meilleur Ouvrier de France, Martine Brossais représentant les Meilleurs Ouvriers de France de Haute-Normandie. L’Education Nationale n’ayant pas répondu à l’invitation, n’était pas représentée et n’a pu donner son point de vue.
Il aurait pourtant été bienvenu. Il semblerait en effet, d’après les témoignages des intervenants, que l’Education Nationale se comporte souvent en mère possessive, qui considère que tous les élèves lui appartiennent jusqu’à leur majorité, et qui redoute, de plus, de les confier à un patron, souvent présenté comme un affreux exploiteur.
Difficile aussi de pénétrer dans la sacro-sainte enceinte de l’école pour présenter les différents métiers manuels. Et quand on y parvient, les élèves autorisés à écouter les travailleurs manuels sont dûment sélectionnés. Les bons élèves sont exclus. Comme s’ils risquaient se fourvoyer – oh ! quelle horreur ! - dans le monde du travail manuel..
Pourtant, tous les intervenants de la table ronde sont unanimes. Il est bien difficile d’acquérir après l’âge de dix huit ans les qualités du bon apprenti : moins d’enthousiasme, moins de malléabilité. Il n’est pas difficile en revanche de reprendre des études après l’apprentissage, une fois qu’on en a compris la nécessité. C’est ce dont témoigne Martine Brossais , qui donne plusieurs exemples d’élèves en décrochage scolaire en 3ème. Après un apprentissage réussi, ils ont repris confiance en eux et ont décidé d’eux-mêmes de poursuivre leurs études parallèlement à leur travail. Une opportunité d’ailleurs offerte aux jeunes compagnons qui cumulent apprentissage sur le terrain et cours du soir. Des cours donnés aux plus jeunes par les plus anciens.
« Il faut éduquer l’Education Nationale ». Parole prophétique d’un intervenant ? C’est peut-être là en effet le premier des apprentissages….
M. Pastor