Après la destruction/reconstruction de plusieurs hangars portuaires des quais Rive droite, puis la construction du panorama XXL qui casse toute la perspective des quais en violation de la Charte des Marégraphes, on s’attaque désormais aux hangars de la rive gauche. Les bulldozers ont démoli le hangar 108 (celui où se trouvait l’atelier de réparation des clochetons de la cathédrale).
Il est vrai que, pris un à un, ces hangars ne sont peut être pas exceptionnels, mais c’est leur ensemble qui a un sens : homogénéité liée au matériau, la brique, à l’élévation et aux volumes, aux structures métalliques, bien visibles à l’intérieur du 108.
Peu de villes peuvent d’enorgueillir d’un tel ensemble d’architecture portuaire des 19 ème et 20ème siècle. Leur destruction a été décidée par quelques uns, sans consultation des citoyens, comme pour le Panorama XXL. Pourtant, s’il est un domaine auquel les habitants d’une ville sont sensibles et se sentent concernés, c’est bien le paysage qu’ils ont sous les yeux chaque jour, et le débat démocratique devrait précéder des décisions urbanistiques qui engagent l’avenir pour des décennies (je crois qu’on appelle ça la démocratie participative…).
On peut s’étonner que des collectivités (la ville de Rouen et la CREA/Métropole) qui ont su par ailleurs reconnaître, protéger et valoriser le patrimoine industriel, que ce soit à la Corderie Vallois, à la Fabrique des Savoirs ou à la Cité des Métiers, s’acharnent contre les hangars portuaires. Mais il faut faire place nette pour la construction du siège de la Métropole.
Quelle que soit l’opinion qu’on ait sur la construction de ce bâtiment, le maintien de ce hangar n’était pas incompatible avec ce projet architectural, on a vu ailleurs des architectes intégrer dans une construction contemporaine des éléments anciens.
Il est trop tard pour empêcher la destruction, mais on peut au moins élever une solennelle protestation.
Jean Braunstein