La Boise de saint- Nicaise nous communique :
C’était un de nos premiers combats, conforme à nos statuts. Nous avons franchi jeudi 12 novembre, une étape décisive qui augure favorablement de son issue : le conseil municipal de la Ville de Rouen (délibération n° 22-1), à l’unanimité, a voté pour le classement Monument historique (MH) de l’ancienne église Saint-Nicaise, dans la foulée de l’avis favorable rendu par la Commission régionale du patrimoine et de l’architecture du 17 septembre dernier. À la Commission nationale, désormais, de valider une demande que la DRAC, la Ville de Rouen encore propriétaire, la brasserie Ragnar et la Boise formulent de concert, dans l’intérêt du lieu et de sa reconversion. Ayons une pensée pour Élisabeth Chirol, fille de Pierre Chirol, l’architecte de la reconstruction de Saint-Nicaise, qui n’a pas vécu assez longtemps pour voir le chef-d’œuvre de son père reconnu comme patrimoine majeur de notre cité.
Concrètement, le classement, qui englobera une partie du mobilier, signifiera un renforcement des obligations de protection et d’entretien pour le propriétaire et l’État, une participation financière plus grande de l’État dans la restauration de l’édifice et des meubles destinés à y rester, une visibilité plus importante du lieu, qui rejoindra la liste des monuments emblématiques de l’inventivité rouennaise en matière d’architecture religieuse, et un accroissement des contraintes, autrement dit des exigences, l’excellence étant visée, pour le chantier de restauration. Le projet Ragnar d’église-brasserie avait intégré d’office cette éventualité du classement en poussant, sur notre conseil, tous les curseurs vers l’excellence. De fait, le monument est tellement riche qu’il plaide très bien sa cause lui-même et les brasseurs étaient déjà convaincus de la nécessité de conduire un chantier exemplaire et inspirant.
Inscrite MH en 1981, l’église Saint-Nicaise présentait quelques anomalies statutaires (vitraux anciens classés, mais pas les vitraux XIXe de Boulanger ou art déco de Max Ingrand ; orgues et cloches remarquables dépourvus de protection, malgré des demandes de classement et des dossiers prêts), qui seront réglées par le lissage du classement MH global.
Très prochainement, une commission spéciale planchera sur la question du mobilier, avec des pièces destinées à rester sur place pour illustrer la richesse du lieu et de son histoire, et nourrir l’espace muséal (maître-autel, statues, cloches, pierres obituaires, reliquaires…), et des pièces affectées au culte (autels secondaires, confessionnaux, stalles, etc.) destinées à quitter l’ancienne église et qu’il faudra répartir, sous condition de traçabilité, dans des églises en activité. La question du devenir des orgues de tribune et de chœur devra également être tranchée. En accord avec la brasserie Ragnar et après en avoir discuté avec les organistes rouennais travaillant sur le dossier et l’association Des grandes orgues à l’église du Saint-Esprit – Jeanne Demessieux, nous avons décidé d’appuyer la Ville de Rouen dans son projet de transfert du grand orgue Rochesson-Beuchet-Debierre à l’église du Saint-Esprit (classée MH) de Paris, dans le XIIe arrondissement, où il pourra être joué dans des conditions idéales sans être dénaturé. Nous appuyons pareillement le projet de transfert du petit orgue Rochesson, pièce exceptionnelle en très bon état, à la chapelle (inscrite MH) du collège Fontenelle, pour qu’il y devienne, après restauration, un instrument de concert et d’étude pour les classes d’orgue du conservatoire. Cela fait d’autant plus sens que le collège Fontenelle occupe les locaux de l’ancien Grand Séminaire Saint-Nicaise. Il demeurerait ainsi dans le quartier, à proximité de l’église qui l’aura hébergé pendant 70 ans.
Il nous reste à remercier chaleureusement les artisans institutionnels de cette décision, à commencer par la sénatrice et conseillère régionale Catherine Morin-Desailly, qui, sur notre demande, est à l’initiative de la procédure de classement(son communiqué de presse du 13 novembre 2020). Nous remercions également Manuel Labbé, adjoint à la vie associative, d’avoir œuvré avec constance à nos côtés depuis le début de l’aventure, pour maintenir le lien avec les services de la Ville et remettre ce dossier complexe sur la table sans jamais désespérer de le voir aboutir dans le sens du bien commun. Nous remercions aussi Marine Caron, vice-présidente du département de Seine-Maritime et conseillère municipale, de nous avoir aidés à construire avec les jeunes brasseurs de Ragnar un projet à la hauteur du défi patrimonial et des attentes des riverains. Nous remercions enfin Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen, et Élizabeth Labaye, conseillère déléguée au patrimoine très investie, d’avoir permis un renforcement global des protections sur l’église Saint-Nicaise, dans un souci du long terme bienvenu.
Nous remercions, pour conclure tout à fait, l’ensemble de nos partenaires associatifs et des membres de la Boise, ainsi que la tonique équipe de Ragnar : passant par nos hauts et par nos bas, ils nous ont permis, par leurs encouragements, leurs conseils et leur amitié, de tenir bon et ferme sur nos objectifs.
Le prochain objectif est donc de décrocher ce précieux label, qui reproduit le labyrinthe de la cathédrale de Reims.
Le phare du quartier Saint-Nicaise pourra ainsi de nouveau rayonner.