Notre association a organisé ses seizièmes Rencontres sur le thème : Les clos-masures, patrimoine vivant du Pays de Caux :
Le samedi 28 novembre 2015 au château de Bois-Himont
De nombreuses personnes nous ont demandé des renseignements sur ce magnifique endroit .
Voici ce que nous raconte Dominique Samson :
APRES UN SEJOUR SOUS LE SOLEIL DES ANTILLES, RETOUR AU CHATEAU DE BOIS-HIMONT
Au XIV°siècle, Guillaume des Mesnils était seigneur de « Boschimont » (forme ancienne de Bois-Himont ). Richard de Beaunay, seigneur de Fontenay et du Tôt, lui succède. Ses deux descendants, Abraham de Beaunay (né à Fontenay le 18 mai 1684, décédé le 21 mai 1734) et son frère Nicolas (1679-1747) embarquent pour l’ile de Saint-Domingue en 1711, où ils vont créer ensemble une affaire de commerce. A l’époque, de nombreux normands émigrent du Royaume de France pour s’installer dans les parages, où ils vont fonder de grandes exploitations de cannes à sucre, très rentables. La main d’œuvre, constituée d’esclaves, ne coûte pas cher. Ils habitent au « Morne Pelé ». Abraham de Beaunay se marie le 27 décembre 1711 au Cap Français (Haïti) avec Marie Catherine Baldran de Graff. Ils auront deux fils. Le père d’Abraham et de Nicolas, Charles de Beaunay, né en 1641, décède en 1712. Abraham reste à Saint-Domingue et il est nommé lieutenant de la Compagnie d’infanterie de l’ile, major au Cap, capitaine de frégate et chevalier de l’Ordre de Saint-Louis. Son frère, Nicolas (1679-1747) repart en France pour prendre son héritage. Pendant ce temps-là Abraham accroit ses possessions à Saint-Domingue. Il meurt en 1736 (1734 selon d’autres sources). Ses deux fils, Louis-François (1712-1766) et Abraham Alexandre (1716-1761) se répartissent l’héritage. Louis-François, qui est capitaine lieutenant de la Compagnie d’infanterie de Saint-Domingue et capitaine général des milices des gardes-côtes de la Seine, a donc des responsabilités en deux endroits éloignés. A sa mort sur l’ile, il est enterré avec son fils Alexandre, dans l’église Saint-Louis, mais leurs cœurs sont amenés en France, dans l’église de Bois-Himont. La plaque indiquant ce fait, installée dans l’église de Bois-Himont, indique qu’Alexandre était mousquetaire à neuf ans, cornette de cavalerie en 1760 dans le régiment de Fleury, capitaine lieutenant de la compagnie d’infanterie, maitre de camp dans la cavalerie et qu’il est mort le 30 mai 1766, à l’âge de vingt et un ans et non pas à neuf ans comme indiqué dans le livre du Parc naturel régional des boucles de la Seine. C’est donc Louis-François de Beaunay qui fait construire un nouveau château à Bois-Himont, à la place d’un grand bâtiment, dont il ne reste plus de traces aujourd’hui. La Révolution Française met dehors la famille de Beaunay. De retour d’exil, elle vend le château en 1816. Louis-Etienne Gabriel de Beaunay, capitaine au régiment du Poitou, est le dernier seigneur de Bois-Himont. Ses biens sont vendus vers 1820. Le nouveau propriétaire du château, monsieur Lemire, fait démolir les deux ailes complètement ruinées. L’arrière-petit-fils, Jacques Amand Etignard de la Faulotte (né à Rouen, n° 11, avenue du Mont-Riboudet le 7 août 1842, où son père était négociant, décédé le 26 novembre 1916) reçoit le château en héritage en 1863. Il entreprend une restauration complète par l’architecte rouennais René Martin, qui rajoute deux ailes entre 1897 et 1910. L’entrée néo-classique, l’escalier d’honneur et le dôme sont son œuvre. L’électricité est produite sur place. Le parc est réaménagé. Au décès de la veuve, Marie-Sophie Anisson du Perron, en 1948, le domaine est partagé. Les Apprentis Orphelins d’Auteuil reçoivent le château et trois petites fermes. Depuis les années 1960, le château et ses alentours sont occupés par l’Association d’Aide Rurale Cauchoise (ARCEAUX), qui est maintenant un Centre d’Aide par le Travail, avec comme activités complémentaires un gîte et une location de salles pour séminaires ou réunions dans le château. L’air iodé de Saint-Domingue ne répand plus ses effluves sur les lieux, mais pourtant un parfum de belle aventure humaine continue d’écrire ses pages d’histoire à Bois-Himont.